Pourquoi j’ai quitté Google Analytics

Depuis le début du mois d'avril, je n'utilise plus Google Analytics. Il me servait essentiellement à connaître les statistiques de visites sur ce blog (ainsi que sur mes autres sites). Je vous avais fait part de cette envie lors de la présentation de l'outil d'analyse de logs GoAccess. C'est désormais chose faite.

Un panneau nous indiquant la sortie de secours.

Pour les curieux, et peut-être aussi pour faire prendre conscience à ceux qui, par habitude, ne penseraient pas à revenir sur ce choix, je me suis dit qu'un retour pourrait être utile.

  • Ce blog est majoritairement consulté par des technophiles dotés de bloqueurs de traqueurs analytics/pubs et je me suis rendu compte que les stats entre GoAccess et Analytics n'avaient rien à voir,
  • j'ai tendance à croire qu'une trace dans un log sera toujours plus fiable qu'un événement JavaScript (chaque ressource demandée par un client, même arrêtée inopinément est tracée),
  • je refuse d'engraisser gratuitement les algorithmes de Google avec les contenus que je produis, et par là même occasion de suivre et analyser les faits et gestes de mes lectrices et lecteurs,
  • étrangement le taux d'utilisateurs de Chrome est beaucoup -beaucoup- plus élevé sur Google Analytics que sur GoAccess (tirez-en les conclusions que vous voulez) (oui, je suis pro-Firefox et j'assume),
  • j'essaie autant que possible de me passer des services proposés par Google quand une alternative viable et libre existe. Cette entreprise, dont le nombre de monopoles ne cesse de croître, fait bien ce qu'elle veut des données que je lui offre et ça fait bien longtemps maintenant que j'ai adopté la maxime « si c'est gratuit, c'est que c'est toi le produit »,
  • ce sera toujours un script en moins à charger (j'en ai d'ailleurs profité pour supprimer les quelques scripts externes qui traînaient - coucou Gravatar),
  • je devais consulter le tableau de bord Analytics une fois tous les deux mois et GoAccess me donne toutes les métriques dont j'ai besoin pour m'assurer que tout fonctionne normalement.

Je pourrais continuer comme ça longtemps mais les points principaux sont là. Et vous, c'est pour quand ?

Baser son activité sur un service tiers est dangereux

tl;dr : Si demain, le service que vous utilisez pour votre business fermait ses portes sans crier gare, que feriez-vous ?

Plus le temps passe et plus mes doutes  sur le risque de faire reposer son activité sur une plate-forme non-maîtrisée s'avèrent justifiés. Il y a quelques années, nombreux étaient les services dont la plus-value reposait essentiellement sur l'API de sites tels que Twitter qui se sont retrouvés le bec dans l'eau. Aujourd'hui, c'est au tour de certains YouTubeurs de s'insurger contre la politique de Google concernant les mises en avant de certaines vidéos. Leur représentant semble tout trouvé en la personne du millionaire PewDiePie qui à sorti un bluff auquel personne n'a cru. Pour information, ce dernier possède la chaîne la plus suivie de YouTube : 50 millions d'abonnés (à l'heure où je rédige ces lignes), rien que ça.

Un aquarium symbolisant le vase clôt dans lequel il est parfois préférable de placer son site web.

Goldfish bowl with goldfish by garhol

Mais revenons-en à nos moutons. Je prends l'exemple assez parlant de YouTube car la mise en place d'une chaîne y est instantanée. Créez un compte, mettez en ligne une vidéo ou lancez un direct et l'aventure commence. La notoriété du service, beaucoup de talent et une certaine régularité peuvent être un excellent tremplin pour se faire connaître. Après plusieurs années de labeur à faire fructifier sa chaîne, à construire une communauté, Google décide du jour au lendemain que ce que vous produisez ne correspond plus à leur charte d'utilisation. Vous pensiez avoir construit votre nid douillet ? Vous n'étiez en fait qu'un simple résident d'un hôtel de luxe hébergé gracieusement par la direction. Cette dernière a décidé de revoir ses exigences et vous claque la porte au nez sans autre forme de procès. Votre page constituait l'unique moyen pour interagir avec vos fans ? Dommage !

L’algorithme de recommandations est un exemple concret du problème que je viens d'énoncer. Hier chacune de vos vidéos était mise en avant. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas et aucun moyen de savoir exactement pourquoi.

Je ne suis pas en train de dédouaner Google pour sa gestion de YouTube. Je souligne simplement l'importance donnée aux endroits où les contenus générant des revenus, ou importants à nos yeux, sont placés est énorme. Medium en est l'exemple le plus récent. Pour ma part, l'indépendance est un facteur capital. La création d'une base d'utilisateurs fidèles relève d'une alchimie complexe. Devoir la faire bouger de ses habitudes est un exercice périlleux qui peut coûter cher.

Quelles implications ?

D'utiliser un service tiers

Points positifs

  • Aller plus vite au démarrage d'un service
  • Profiter de la notoriété du service utilisé
  • Réduire les coûts d'infrastructure, maintenance…
  • Réduire le nombre de compétences techniques requises

Points négatifs

  • Tributaire du moindre changement (passage du gratuit au payant, mise en avant, conditions d'utilisation…)
  • Difficile à faire évoluer dans son sens
  • Aucune maîtrise des données engrangées par le fournisseur (profilage de vos utilisateurs, régies pubs et cookies à gogo)

D'utiliser un service que nous gérons

Pour cette partie, partez de l'inverse des points cités plus haut et complétez avec ce qui suit.

Points positifs

  • Vous êtes chez vous !
  • Vous choisissez complètement l'expérience de vos utilisateurs !
  • Déplacements de serveurs, de noms de domaines… comme vous le souhaitez
  • Possibilité d'ajouter des fonctionnalités manquantes ou supprimer celles qui ne servent pas

Points négatifs

  • Forte contrainte de gestion au quotidien
  • Coûts pouvant être importants (hébergement, nom de domaine, bande passante…)

Conclusion

A minima, multiplier les sources qui servent vos contenus me parait être une position pertinente.  Avoir un chez-soi comme hub central devrait être un des premiers objectifs sur votre liste des choses à faire. Quelle que soit la tactique que vous adoptez, vous ne pourrez plus dire que vous n'étiez pas au courant.

Slack, Mattermost, Discord ? Et si nous améliorions plutôt les clients IRC ?

Cela fait plus de quinze ans (point vieux con) que je crapahute sur IRC et voilà quelques temps maintenant qu'on essaie de me hyper sur des outils identiques mais centralisés et fermés sous couvert d'une meilleure UI et d'un tas de fonctionnalités dont je n'ai pas vraiment besoin.

you-shall-not-slack

Quels sont les principaux avantages d'IRC

Quels sont les principales faiblesses d'IRC

  • non-conservation des discussions sur les serveurs les plus utilisés entraînant une complexité pour s'en servir d'archives
  • non-persistance du compte de l'utilisateur lorsqu'il se déconnecte ne pouvant du coup plus être joint par ce biais
  • commandes pas évidentes à prendre en main pour les novices
  • aspect peu intuitif lorsqu'on utilise des clients à l'ancienne

Propositions d'améliorations

Les plus gros problèmes résolus par les applications telles que Slack sont le côté « user friendly » quoi que le concept de liste de salons reste compliqué à aborder pour des novices, l'archivage et la recherche dans les échanges passés. Pour ne manquer aucun échange, il est possible de laisser son client ouvert mais soyons honnêtes, ce n'est pas une solution recommandable. Pour les plus geeks/connectés, il est possible d'utiliser un bouncer comme ZNC qui vient se placer entre le serveur et le client et permet d'afficher les messages lors de la reconnexion de son utilisateur. Vous l'aurez compris, ce n'est pas à la portée de tous.
Des services externes tels que BotBotMe qui agrège les discussions et les rend consultables via un site annexe peut faire office de contournement mais pas de vraie solution.

Ok pour de nouveaux services, mais ouverts et décentralisés s'il vous plaît

Pour ma part, le problème est pris à l'envers. Les développeurs réinventent la roue (IRC et Jabber/XMPP) et proposent ensuite des ponts entre ces « anciens » outils et les leurs là où je trouverais plus pertinent de développer de nouvelles idées sur ces vieilles briques pour les enrichir.
Des clients tels que KiwiIRC vont dans le bon sens en donnant un coup de jeune à l'IRC qui souffre d'une image austère bien méritée par son manque d'innovation et permettent de répondre à des besoins modernes, tels que l'affichage in-app de contenus multimédias ou l'accès simplifié aux commandes.

Pourquoi ne pas appeler XMPP à la rescousse ?

En tant qu'habitué satisfait d'IRC, je ne souhaite pas le remplacer. Cela ne m'empêche pas d'utiliser XMPP (anciennement Jabber) mais je le trouve moins adapté pour des salons de discussions. La création de compte, la demande préalable d'accès à un contact et l'adresse de connexion à un salon sont autant d'obstacles à son adoption là où un webchat IRC permet à un utilisateur de se joindre à une discussion en quelques secondes.
Je suis conscients que des efforts sont en cours (merci Movim et Jappix), mais si tous ces développeurs qui passent du temps et de l'argent sur des nouveautés investissaient sur les technos précédemment citées, nous aurions déjà des applications qui déchirent et satisfont tout le monde tout en étant pérennes.

En conclusion

En partisan de l'open source, je ne veux pas utiliser une solution de communication non libre. Du point de vue de la sécurité, qui me certifie que mes conversations sont bien confidentielles si je souhaite qu'elles le soient ? Du point de vue de la pérennité, qu'adviendra-t-il de ces données lorsque le service utilisé décidera de fermer ses portes ?

Si vous souhaitez (re)tester le monde merveilleux d'IRC, je vous attends sur le chan #welcome du serveur Freenode. N'hésitez pas à me faire signe, pseudo Simounet what else. Quelles sont les features qui vous semblent incontournables sur les outils que je rechigne à utiliser et qui n'existent pas sur IRC (ou ses clients) ? Qu'est-ce qui vous retient d'utiliser IRC ?

Créer un fichier vide dans Nautilus à l’aide d’un raccourci clavier

Après vous avoir expliqué comment ajouter des informations en dessous des icônes de Nautilus en vue grille et afficher la taille des images et les EXIFs dans Nautilus avec Nautilus columns, voici un nouveau tip sur Nautilus qui va vous permettre de créer un nouveau fichier vide à l'aide d'un raccourci clavier. Par défaut, il est possible de créer un nouveau dossier vide à l'aide du raccourci <CTRL>+<SHIFT>+N. Ayant souvent besoin de d'ajouter des fichiers et ne souhaitant pas perdre de temps à rentrer dans les sous-menus, j'ai cherché comment ajouter cette action à la liste des raccourcis disponibles. Plusieurs solutions sont disponibles ici et et elles fonctionnaient très bien lorsque j'ai débuté la rédaction de ce billet il y a 3 ans mais ce n'est plus le cas. La dernière en date et celle qui semble la plus pérenne consiste à ajouter le raccourci directement dans le fichier accels des configurations de Nautilus.

nautilus-logo

Pour ce faire :

  1. Quittez toutes les instances de Nautilus en cours à l'aide de la commande :
    1. nautilus -q
  2. Ajoutez votre raccourci avec la commande suivante en remplaçant <Primary><Shift>f par la combinaison de touches que vous souhaitez utiliser :
    1. echo '(gtk_accel_path "<Actions>/DirViewActions/New Empty Document" "<Primary><Shift>f")' >> ~/.config/nautilus/accels
  3. Relancez Nautilus et testez le raccourci
  4. C'est déjà fini !

À noter que <Primary> symbolise par défaut la touche <CTRL>.

L’auto-hébergement oui, mais sans oublier le backup

L'auto-hébergement, c'est bien

La dégooglisation par Framasoft bat son plein et les services de cloud personnel n'ont jamais été aussi simples à installer. En grand amateur du libre, je ne peux que m'en réjouir. Je m'étonne cependant du manque d'informations concernant une partie importante, que dis-je, cruciale pour toute opération sur des données numériques critiques : la sauvegarde.
Les manuels pour la mise en place et l'utilisation de ces services sont bien fournis. Les guides pour vous aider à basculer d'un service propriétaire centralisé vers ces logiciels libres à installer où bon vous semblent pullulent sur la toile. Mais quid des principes de base de l'auto-hébergement ?

Gérer son infrastructure, c'est mieux

Ces services que vous aviez pris l'habitude d'utiliser tels que Dropbox ou Google Drive ne se contentent pas de synchroniser des données. Leur infrastructure assure :
- une haute disponibilité (la plupart d'entre nous peut plus ou moins s'en accommoder),
- les mises à jour de sécurité côté serveur (étape assez simple sur les 2 solutions citées en début d'article),
- la redondance des données par une vraie politique de sauvegarde automatique.

C'est à cette dernière étape qui m'inquiète particulièrement tant j'ai l'impression qu'elle est sous-estimée et peu présente dans l'esprit des personnes qui se lancent dans l'aventure.
Que se passera-t-il lorsque plusieurs mois ou années de documents versionnés, de calendriers, de carnets d'adresse, se retrouveront coincées à jamais au cœur d'un disque dur ayant décidé de rendre l'âme ? Là où l'utilisateur a tendance à oublier la qualité d'une infrastructure professionnelle sachant se rendre invisible, une personne non-avertie pourrait avoir une bien mauvaise surprise et finir par blâmer l'éditeur de la solution qu'il utilise pour la perte de ses données même si ce dernier n'y est pour rien.

Photo de backup par Tim Reckmann sous licence Creative Commons

photo de Tim Reckmann sous licence Creative Commons

Éduquer à chaque étape

Le sensibilisation à cette problématique de sauvegarde auprès des administrateurs en herbe me semble cruciale. Je conçois que c'est une partie compliquée, moins vendeuse et chronophage en terme de développement et de documentation. Quand on se veut être une solution de stockage, informer ses utilisateurs de ce que ça représente, des risques qu'ils prennent et de comment les éviter ne devrait pas être en option, perdu au fin fond d'une doc', d'un forum ou d'un blog.
Un encart devrait donner des informations d'ordre général sur le sujet au début de l'installation pour expliquer à l'utilisateur à quoi il s'engage et fournir à minima des liens vers des articles de fond sur la mise en place de sauvegarde lors de la dernière étape.

Un disque dur ne suffit pas

Ayant déjà quelques scripts de backup maison à base de rsync, je ne me suis pas encore penché sur la question d'un vrai processus de sauvegarde interne au logiciel que j'utilise. En proposer par défaut pourrait avoir une vraie valeur ajoutée. Vous trouverez ci-dessous quelques idées en vrac pouvant être mises en œuvre.

Le minimum :

  • Un rsync des fichiers de l'instance vers un autre disque que celui utilisé (utiliser une autre partition du même disque ne sert à rien)
  • Backup automatisé de la base de données de l'instance

Aller plus loin :

  • Archive + SSH / FTP
  • Envoyer à un ami, un parent une archive cryptée (entière ou incrémentale)
  • Utilisation d'un service tiers pour gérer les sauvegardes (pas vraiment compatible avec l'idée d'auto-hébergement mais mieux vaut ça que pas de sauvegardes du tout)
  • Service annexe (API) avec un serveur distant pouvant monitorer l'état et la version du backup ainsi que sa restauration en cas de besoin

Pour finir

Le but de cet article n'est en aucun cas de taper sur les solutions libres permettant aux utilisateurs de s'affranchir des géants du net et surtout de contrôler où et comment sont stockées leurs données. Je souhaitais appuyer sur un point important et qui me semble être sous-exposé pour le moment. Que vous vous auto-hébergiez ou pas, prévoyez quoi qu'il arrive la sauvegarde de vos données importantes. N'attendez pas qu'il soit trop tard !