Souhaitant ajouter à mon Kindle l'essai "La cathédrale et le bazar" écrit par Eric Steven Raymond (ESR) et rédigé en 1997 (et révisé quelques fois par la suite) sous Open Publication Licence ("ancêtre" des Creative Commons), mon premier réflexe aura été de faire une recherche sur le net. Ce texte étant bien connu des libristes, je pensais n'avoir aucun mal à le trouver, mais je n'ai pu mettre la main que sur des versions HTML ou pdf. J'en ai donc fait la conversion avec le logiciel Calibre dans le format libre EPUB ainsi qu'en MOBI pour les utilisateurs de Kindle.
Si ce n'est déjà fait, je vous invite à (re)lire ce texte comparant les différences d'approches entre le développement d'une application propriétaire (la cathédrale) et celui d'une application open source (le bazar). Les exemples utilisés par Eric Raymond pour représenter le bazar ne sont autres que les logiciels fetchmail et Linux. La méthode utilisée par Linus Torvalds pour créer ce dernier étant prise dans le texte comme référence dans le développement en mode bazar, de par sa réussite déjà reconnue à l'époque.
Pour les plus curieux, je vous invite à aller lire l'épilogue concernant le passage du navigateur Netscape au type bazar. Quand on pense à la belle réussite de Mozilla de nos jours (notamment avec Firefox), il ne pensait pas si bien dire. Pour ceux qui ne connaitraient pas la petite histoire, c'est à cette période (1998) que Netscape qui tombait en décrépitude face au flamboyant Internet Explorer de Microsoft (si si, à l'époque il l'était), a vu une version open source voir le jour : la naissance du projet Mozilla.
Ceux qui me lisent assidûment doivent déjà savoir que je suis l'heureux propriétaire d'un Kindle 3 - puisque j'en ai fait la review ici-même - et c'est tout naturellement que je me suis mis en quête d'ebooks (livres électroniques) écrits dans ma langue maternelle.
Les DRM, c'est le mal
Comme je l'avais expliqué dans mon billet sur le Kindle, je m'attendais à ce que l'arrivée du Fnacbook entraine une offre grandissante et c'est bien ce qui se passe. MAIS ! Encore une fois, les offres légales françaises sont loin d'être à la hauteur et ne font rien pour nous pousser à leur consommation... Ajouter des DRM (protection contre la copie) n'a jamais été et ne sera jamais une bonne solution. Leur création et leur mise en place coûtent beaucoup d'argent (qui pourrait servir à de meilleures fins), et empêchent une utilisation facile et pratique des produits achetés là où les œuvres piratées ne posent pas ou peu de problème. Dans mon cas, je suis obligé de convertir les livres achetés sur la Fnac pour pouvoir les transférer sur mon Kindle, ce qui est juste inacceptable. Est-ce vraiment dans l'intérêt de la Fnac d'empêcher les gens possédant autre chose qu'un Fnacbook d'utiliser des livres numériques achetés chez eux ? Pas besoin d'avoir fait HEC pour comprendre que ce n'est pas avec la vente de périphériques qu'ils vont vraiment se remplir les fouilles, mais avec la vente régulière d'ebooks. Amazon vend plus de livres numériques que de livres papiers aux USA, ce qui prouve bien que si le modèle de vente est bien pensé, les gens sont prêts à passer à la caisse ! Une fois de plus chez nous, c'est le consommateur ayant acquis légalement son bien qui trinque...
Le juste prix
Parlons maintenant d'un phénomène auquel nous commençons à être habitués, nous autres petits français, lorsqu'il s'agit d'offres légales dans le domaine numérique : le prix. Là où nous pourrions nous attendre à une marge significative, vu qu'il s'agit d'une œuvre dématérialisée ne nécessitant aucun investissement matériel de production, la différence entre le prix de la version papier et celui du fichier électronique n'est que de quelques euros... Pourquoi ai-je insisté sur la France plus haut ? Tout simplement parce que c'est loin d'être le cas partout. Prenons l'exemple du livre "Le Dôme" de Stephen King (Under the Dome en VO). Première joyeuseté, l'édition française est divisée en 2 tomes là où les Anglais n'en ont qu'un (papier ou ebook). Deuxième effet kiss cool, au pays où la fabrication du fromage est un art, le livre électronique pris dans l'exemple ci-dessus coûte 16.99€ contre $13.79 (soit 9.7€) dans celui des fish & chips... Sans compter que les fichiers acquis seront bourrés de DRM, n'oublions pas qu'il faudra en plus sortir 2 fois son portefeuille pour posséder la totalité de l'histoire. 16.99 x 2 soit 33.98€, face au 41.8€ pour l'édition papier ce qui ne fait "que" 7.82€ d'économie. C'est à croire que la déforestation de l'Amazonie ne rapporte pas tant que ça finalement !
Je me suis fait un petit plaisir à Noël dernier en commandant un ebook reader dernière génération de chez Amazon : le Kindle 3. Lisant pas mal de docs techniques, il m'était difficile de transporter des gros bouquins de plus de 500 pages, le PC n'étant pas très pratique à transporter et n'aimant pas non plus passer des heures à lire sur un écran (et encore moins sur un smartphone), c'est tout naturellement que je me suis dirigé vers un lecteur de livres électroniques. Quelques questions ont tout de même précédé ma décision : cette fameuse encre électronique faisait-elle une vraie différence par rapport à un écran, le confort de lecture était-il bien au rendez-vous ?
Ça fait maintenant plus d'un mois que je l'utilise et je vous le dis tout net : j'en suis ravi ! Le design de l'appareil est simple mais classe. Fin et léger, il tient facilement dans la main ce qui peut se révéler pratique dans de nombreuses situations. Par sécurité, j'ai pris la couverture en cuir afin de pouvoir le transporter sereinement, elle était un poil chère mais je n'ai aucun regret car elle s'est révélée être de très bonne facture. L'écran quant à lui est de taille idéale et les sources de lumière s'y reflètent de façon diffuse, ce qui permet de lire sans gêne dans un environnement ensoleillé ou contrasté. La technologie de l'encre électronique (e-ink) est réellement bluffante, le confort de lecture est bel et bien au rendez-vous ! Je me sers du Kindle de façon quasi-quotidienne depuis un mois et je ne l'ai toujours pas rechargé, pour vous dire que l'autonomie annoncée (1 mois avec le wifi désactivé) est effective.
De nombreuses fonctions permettent d'agrandir ou de rétrécir la taille du texte ou encore de changer la police d'écriture. Un mode speach peut nous faire la lecture, le son pouvant sortir des petits haut-parleurs situés derrière le Kindle (néanmoins, ça fonctionne correctement qu'avec des écrits US, l'accent français n'étant pas encore tout à fait en place). Un navigateur internet est également disponible mais ses fonctions sont très limitées, le Kindle n'est clairement pas taillé pour ça. Il est bien entendu possible d'accéder au Kindle Store pour aller acheter ou récupérer les livres déjà acquis directement sur internet sans le connecter à un quelconque ordinateur, chose qu'apprécieront sûrement les nomades dans l'âme.
Le Kindle sait ouvrir nativement les fichiers Kindle (AZW) (encore heureux !), TXT, PDF, Audible (Audible Enhanced (AA, AAX)), MP3, MOBI (non protégés uniquement), PRC mais aussi les HTML, DOC, JPEG, GIF, PNG, BMP grâce à un processus de conversion. Pour la gestion du Kindle (et des ebooks en général), j'utilise le logiciel open source Calibre qui fait tout le boulot à ma place et charge les fichiers automatiquement sur le Kindle après les avoir convertis dans le format qui va bien.
Comme certains d'entre vous le savent peut être déjà, un nouveau firmware est sorti il y a peu et je me demandais comment la mise à jour allait se dérouler. Au final, il m'a suffit d'activer le wifi pour qu'elle se charge toute seule en tâche de fond et s'exécute lors du prochain temps d'inactivité du Kindle. N'est-ce pas on ne peut plus user friendly ? Mais au fait, qu'apportent les mises à jour si ce n'est la correction de bugs ? Et bien, le dernier firmware (3.1 au moment où j'écris ce billet) a accéléré significativement le passage entre les pages mais surtout il permet l'affichage de la vraie numérotation des pages si l'ebook que vous êtes en train de lire contient les données adéquates. De base, il n'y avait qu'un pourcentage d'avancement du livre (toujours présent) associé à un système de pseudo pages (Locations) auquel je n'ai au final pas eu à m'habituer très longtemps puisqu'il semble avoir tout bonnement disparu.
Le seul bémol que je pourrais faire à cet achat est l'offre relativement réduite des ebooks en français pour le moment, mais elle s'étendra un peu plus vite dans les années à venir vu que la Fnac a sorti son Fnac book et devrait donc faire en sorte que ses utilisateurs puissent le remplir avec du contenu légal rédigé dans la langue de Molière (en espérant qu'ils arrêtent de mettre des DRM partout les rendant illisibles par d'autres lecteurs que le leur). Il existe tout de même pas mal d'ebooks libres et vous pouvez également charger les pdf disponibles sur la toile.
Sachez que le Kindle réalise la meilleure vente de tous les temps d'Amazon, ce qui n'est pas rien, et si même après tout ce que je viens de vous dire, vous n'êtes toujours pas convaincu, je vous invite à aller voir le test vidéo du Kindle 3 fait par Korben il y a quelques mois de ça et qui a fait sauter mes dernières réticences.
Voilà déjà un moment que j'ai terminé le livre de Denis Brogniart intitulé Mes secrets de Koh Lanta que je recommande chaudement à tous les passionnés de l'émission du même nom. A la base, on lui avait proposé de faire sa biographie mais ne pensant pas avoir suffisamment de choses à dire à son propos, il a préféré partager l'univers de cette real TV qui a fait son succès et le fait voyager aux 4 coins du globe depuis bientôt 10 ans. Pour ceux qui ne suivraient pas ce jeu depuis sa première édition, il faut savoir que Denis n'était au départ "que" la voix off alors qu'Hubert Auriol en était le présentateur. Ce dernier étant trop occupé par la direction du Paris-Dakar, Denis s'est donc retrouvé à sa place (à sa grande surprise).
Dans ce livre, il nous raconte comment s'est passée sa première immersion, ses différentes expériences humaines, sportives, ses premiers pas devant la caméra, ses coups de coeur, ses galères... C'est un condensé d'anecdotes, une vision du jeu à travers les yeux de celui qui voit tout. Il nous y présente les membres importants de son équipe (qui n'apparaissent bien entendu jamais à l'écran), leurs rôles et comment il vit l'aventure hors caméras, dans un cadre bien plus agréable que les naufragés. Il nous avoue d'ailleurs qu'une fois le jeu fini il lui arrive de se lier d'amitié avec certains candidats et nous propose même quelques quelques photos inédites de ces moments privilégiés. A ce propos, de nombreux clichés regroupés au centre du livre agrémentent son récit, ce qui ne fait que renforcer l'immersion et le sentiment de partager ce qu'il nous raconte. Il revient même sur l'attitude peu fair play de certains candidats (Isabelle & Patrick pour ne citer qu'eux) de la saison 9 et regrette ce qui s'est passé ne s'étant pas rendu compte du problème sur le moment.
Au fil des pages, nous pouvons facilement nous rendre compte de la passion qui anime ce personnage désormais emblématique du petit écran: un gars simple, amoureux du sport, des voyages et de sa famille (qui le suit d'ailleurs assez souvent) ! Si comme moi, vous appréciez beaucoup Koh Lanta et Denis Brogniart, vous ne regretterez pas le temps passé sur ce bouquin qui vous fera voyager à travers les yeux de son auteur, et vous sourirez en lisant les péripéties de notre héros acrophobe (et oui, Denis a peur du vide !), ou l'exposé de ses rencontres avec les populations locales (voire des retrouvailles d'anciens amis à lui dans des villages au milieu de nulle part). De quoi vous permettre de patienter avant la prochaine édition qui devrait débuter en septembre !
Je reviens vous parler de l'Heure de l'Ange, dernier roman en date d'Anne Rice, auquel j'avais déjà consacré un billet il y a peu. Je préfère vous prévenir tout de suite que le constat que j'en fais est plutôt négatif... Ce livre nous raconte la rencontre entre le séraphin Malchiah et Toby O'Dare, tueur à gage d'exception, aussi connu sous le pseudonyme de Lucky le Renard. Il y a clairement 2 parties, dans la première Malchiah nous conte la vie de Toby, son enfance difficile avec sa mère, son frère et sa soeur, ses premiers assassinats et pour finir sa "transformation" en tueur à gage sans pitié. Dans la 2e, Malchiah "envoie" Toby en Angleterre au temps des répressions contre les juifs pour sauver une famille mise à mal par des chrétiens. En effet, Meir et Fluria sont un couple juif accusés du meurtre de leur fille Léa car cette dernière aurait souhaité, contre l'avis de ses parents, se convertir au christianisme.
Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié le début du récit centré sur le personnage de Toby. Comme toujours avec Anne Rice, la personnification et la trame de fond sont très riches et les détails sur les différentes étapes de la vie du protagoniste l'ayant conduit à devenir un tueur de génie recherché par toutes les agences du monde ont bien réussi à me faire rentrer dans la peau du personnage. D'un jeune homme sensible, prédestiné à devenir un merveilleux joueur de luth, le sort s'acharne contre lui et il finit par perdre tous les êtres auxquels il tient et, comme guidé par son ange maléfique, met ses dons au service de sa nouvelle vie de tueur.
Concernant la 2e partie du livre, j'ai été beaucoup moins emballé si ce n'est par l'aspect historique. J'ai cherché quelle pouvait être l'utilité de nous avoir raconté la vie de Toby puis de l'avoir choisi par rapport à tous ses talents, et je dois avouer ne pas avoir réussi à mettre le doigt dessus. J'avais le sentiment que n'importe quel quidam ayant un peu de bon sens aurait fait l'affaire et qu'il n'y avait pas là d'exploit nécessitant un être hors du commun, alors que tout le début du récit pouvait nous faire penser le contraire. J'ai presque envie de dire qu'il aurait pu y avoir 2 livres (histoires) distinct(e)s. Bien sûr il est possible de faire l'analogie d'un possible lien de parenté entre Toby / Godwin (ou Meir) et Fluria de par leurs origines et leur dévotion. La religion est omniprésente (à l'image de l'auteur qui est, elle aussi, très pieuse), que ce soit durant la jeunesse de Toby qui souhaitait devenir moine avant de succomber au charme du luth, et qui plus tard, même s'il a perdu sa foi, continue de prier jusqu'à faire venir Melchiah, ou encore, au sein de la Juiverie de Norwich où nous suivrons les problèmes de cohabitation entre juifs et chrétiens.
J'ai également trouvé que la partie se déroulant en Angleterre a été très trop brève alors que tout le début du livre nous préparait à une intrigue plus soutenue. Je pensais que l'ange était venu chercher Toby pour une mission plus complexe. J'ai lu sur le net qu'il serait question d'une suite, pour ma part, je ne pense pas en être, déçu que je suis par ce volume...