Ça y est, la coupe du monde s'est achevée hier après la victoire des Néo-Zélandais face à notre XV tricolore qui n'a pas à rougir de sa défaite (8 à 7, je le rappelle pour ceux qui n'auraient pas suivi). Je n'ai pas fait beaucoup de commentaires sur tout ce qui s'est passé autour de cette équipe pendant la compétition mais je souhaitais tout de même donner mon avis sur un comportement général qui m'a pas mal chagriné (et le mot est faible)... Le rugby est un sport de plus en plus populaire, c'est un fait. La popularité amène des supporters (c'est bien), de l'argent et des sponsors (il en faut) et une couverture médiatique plus importante. C'est cette dernière partie qui va être au cœur du billet d'aujourd'hui. 4 ans, c'est le temps de préparation qu'aura eu le XV de France pour se mettre en place avec à sa tête Marc Lièvremont (ne représentant en fait que la partie visible de l'iceberg). Il n'aura pas fallu très longtemps à la presse pour utiliser le franc parler et les "bourdes" dans la communication du nouveau sélectionneur comme point d'appui pour des articles sans fond ni forme. Je ne veux pas avoir à revenir sur une analyse du jeu pré-Lièvremont, mais pour faire court les fautes y étaient nombreuses de façon inversement proportionnelle à la succession de phases de jeu... Lors de cette coupe du monde (de même que lors de ces 4 années de préparation), notre équipe nationale a été réglée sur courant alternatif, enchaînant les bons matches et les mauvais. A partir de là, les remarques désobligeantes à son égard ont été faciles, trop faciles...
C'est un réel déchaînement médiatique (qui a parlé de mise à mort ?) sur les choix tactiques adoptés par le staff de Lièvremont. Oui, les gens chez eux ont fait la même chose (moi y compris de temps en temps, agacé par des matches perdus bêtement), chacun se prenant pour un grand sélectionneur et tacticien de talent, mais la portée de bibi qui refait le match avec ses potes autour de quelques bières est toute autre en rapport à celles des journalistes censés relayer de VRAIES informations en bons professionnels. Que dire de la couverture de l'Equipe avec ses pseudos révélations de vestiaires pour discréditer le groupe et la cohésion qui en a pourtant transpiré tout au long de cette aventure ? Que dire également des questions ne portant pas sur le jeu en lui même et la pseudo mauvaise ambiance ? Je trouve que les joueurs ont été plus que patients, n'en déplaise à Christian Rousse, ce bon monsieur reprochant à Aurélien Rougerie de ne pas avoir été très courtois dans ses réponses lors des dernières conférences de presse. Ce même Rougerie qui a fait une remarque très juste : "Nous, on n'a pas de chance parce qu'il y a des gens pour juger ce qu'on fait. Déjà qu'on ne le fait pas très bien, vous, vous avez de la chance parce que vous n'avez personne pour juger ce que vous faites. Alors faites ce que vous voulez". Les problèmes de l'équipe sur le terrain n'étaient-ils pas suffisants pour que tous ces messieurs aient de quoi remplir leurs papiers ? Tomber dans l'autosatisfaction de victoires sans panache aurait été ridicule, mais quand on prône la neutralité et le détachement journalistique, l'inverse de l'encensement ne me semblait pas non plus approprié... En lisant certains articles concernant les bleus, j'ai eu la désagréable impression d'être face à des tabloïds (New Zealand Herald side effect ?) dans lesquels les rédacteurs étaient prêts à tout pour casser ce groupe afin de créer un fil rouge et tenir leurs lecteurs en haleine jusqu'à la fin, telle une mauvaise série B. Oui, c'était bien de cela dont il était question, casser le groupe, faire passer son sélectionneur pour un incompétent total, et les joueurs pour de pauvres âmes en peine, errant pendant 80 minutes sur les prés de leurs défaites. Malheureusement pour vous, vils corbeaux que vous êtes, les résultats (et par dessus tout le résultat final) parlent d'eux mêmes : ils sont sortis des poules, ils ont gagné le 1/4, puis la 1/2 pour échouer aux portes de la gloire mais avec la forme qu'on leur a tant reproché de ne pas avoir. Elle a toujours été là, vous le savez très bien, vu tous les joueurs de talent rassemblés sur et autour du terrain, elle était juste très bien cachée. Petite apartée pour donner mon sentiment sur le match face aux Gallois, les Français ont fait une magnifique démonstration de jeu défensif, enchainant les phases de jeu sans faute. Ce n'est pas aussi facile à voir et à apprécier qu'un jeu offensif tel que celui auquel nous avons pu assister dans l'autre demi finale (NZL - Australie) mais tout aussi méritant ! Pour une fois, nous avons gagné à l'anglaise, n'en déplaise à certains.
Des valeurs, un sacré esprit d'équipe et énormément d'engagement et de cohésion ainsi qu'énormément de boulot et la gagne de chaque instant auront permis à ce groupe de disputer et d'accrocher une finale lors de cette coupe du monde 2011 face à des Blacks à domicile et ayant quasiment survolé la compétition. Bravo à eux, et je suis fier de les avoir supportés jusqu'au bout. Je ne peux pas imaginer la déception des joueurs qui viennent de vivre leur dernière chance de ramener la coupe Webb Ellis à la maison, mais ils peuvent rentrer au pays la tête haute. Pour les autres, une nouvelle échéance est déjà en vue : 2015 en Angleterre, ça sera déjà plus dans mes tranches horaires, et n'oublions surtout pas le Top 14 ! Bravo à Thierry Dussautoir élu joueur de l'année 2011 et petite pensée pour Jean-Marc Doussain qui a fait sa première cape durant les 4 dernières minutes de cette finale. Il y a de fortes chances pour qu'on le revoit pas mal dans les années à venir.
De mon chez moi, petit supporter que je suis, je vous remercie pour tout le plaisir et les quelques moments de frustration que vous m'avez apportés durant ces 6 semaines. Sur ce, je m'en vais revoir le match confortablement installé dans mon salon, même si l'ambiance de dimanche à Montpellier était excellente !