En 2018, remettons notre vie privée au centre de nos échanges numériques

Pour ce début d'année 2018, j'aimerais vraiment pouvoir communiquer avec mes proches à l'aide de logiciels respectant ma vie privée (et par la même occasion, celle de ceux avec qui j'échange). Ces logiciels existent déjà mais sont trop peu utilisés. Que ce soit à cause d'une arrivée tardive ou d'un manque de communication flagrant, ils peinent à se faire une place en comparaison avec les gros du secteur.

Voilà quelques années maintenant que des personnes peu ou pas versées aux nouvelles technologies se rendent compte que Facebook n'est pas un endroit fréquentable pour parler des choses personnelles. C'est gratuit et la plupart de nos proches sont dessus. Que demander de plus ? Ne pas en être le produit…

Une chaîne portant la mention

Pourquoi devrais-je bouger ?

Tenez-vous vraiment à laisser à une entreprise dont le seul moyen d'être rentable est d'utiliser les informations concernant vos échanges personnels savoir avec qui vous communiquez, pendant combien de temps, depuis quel endroit, à quelle fréquence ? Quels sont les sujets qui vous traversent l'esprit ? Pourquoi vous renseignez-vous sur telle ou telle maladie ou problème personnel ?

Toutes ces informations sont automatiquement classées et permettent de créer un profil numérique qui vous est attribué et vendu (dans le "meilleur" des cas) à des fins de ciblage publicitaire sans qu'on vous demande votre avis. En fait si, vous avez accepté puisque vous utilisez leur service. Vous pensez de suite à des publicités concernant des produits du quotidien mais ça peut aller plus loin comme des propositions de lecture d'informations sur un sujet qui ne vous intéresse pas ou sur lequel vous êtes en désaccord mais parce qu'un jour, par curiosité, par ouverture d'esprit, vous avez cliqué pour voir, vous y êtes désormais associé. Idem pour vos idées concernant la société, la politique et j'en passe mais vous avez compris. Tout ce sur quoi vous cliquez vous définit, que vous soyez d'accord ou pas.

Vous pensiez que c'était personnel ? Qu'un clic ne changerait rien ? Quand l'entreprise qui choisit ce qu'elle va vous proposer de regarder y voit une occasion de se faire beaucoup d'argent, il y a des chances que l'impact soit important. Comment pensiez-vous que ces services gratuits étaient financés ? Si le bonheur des utilisateurs suffisait à payer les factures, tout le monde concevrait des logiciels libres !

La solution à ça ? Utilisez un service qui respecte vos actions, ne vend pas vos données personnelles (ou encore mieux, n'y a pas accès) et ne choisit pas ce que vous pouvez ou ne pouvez pas voir à votre place. Vous n'avez rien à cacher ? Alors pourquoi placez-vous vos lettres contenant autre chose que des bisous pour tante Georgette dans une enveloppe ? Et puis pourquoi avez-vous installé des rideaux chez vous ? C'est vrai après tout… La vie privée est un droit. Nous devons pouvoir choisir si nous voulons que nos propos soient publics ou pas. Ce n'est pas à une entreprise de prendre cette décision.

Remplaçons Facebook par Diaspora

Des alternatives libres et bien plus respectueuses existent depuis près de dix ans mais sont toujours ignorées par la grande majorité des utilisateurs de réseaux sociaux. Je pense notamment à Diaspora (sur lequel je partage depuis un moment maintenant), ou plus récemment Mastodon. Mais je ne vais pas m'étendre plus sur ce sujet car je comprends que son adoption soit plus compliquée. Difficile de partager sur un réseau où les gens que nous connaissons ne se trouve pas. Pourtant, il ne tient qu'à nous de faire changer cet état de fait.

Remplaçons WhatsApp par Signal

Après Facebook, c'est de WhatsApp dont j'aimerais bien voir le nombre d'utilisateurs chuter. Propriété du premier, l'Europe se bat pour que les données récupérées par le second ne soient pas transférées au premier mais s'en passer serait encore la meilleure des sécurités.

Pour le coup, l'alternative est plus que crédible et peu s'utiliser en parallèle, le temps que tout le monde saute le pas. Signal permet d'envoyer des messages à ses contacts à travers Internet à l'aide de son annuaire disponible sur son mobile, exactement comme le fait WhatsApp. Il est possible de créer des groupes, de passer des appels vocaux ou vidéo, le tout de manière sécurisée pour assurer la confidentialité du contenu des échanges. Ce logiciel est open source et régulièrement audité, ce qui m'incite à y avoir plus confiance qu'en WhatsApp qui me dit chiffrer mes conversations mais sur lequel je n'ai aucun moyen de vérifier.

Vous pouvez très bien l'utiliser comme une simple application de SMS. En effet, si le contact avec qui vous échangez n'est pas (encore) sur Signal, le logiciel enverra le message comme un simple SMS. De cette manière, il est d'autant plus facile d'effectuer la transition vers du 100% Signal !

Des sacrifices nécessaires dans un premier temps

Je sais bien que certains d'entre-vous apprécient leur petit confort et c'est tout à fait compréhensible. Les alternatives ne proposent pas souvent une équivalence exacte avec ce qui est disponible sur le produit qu'on aimerait quitter. Les choses bougent bien plus facilement lorsque les utilisateurs se manifestent en nombre pour réclamer une fonctionnalité. Beaucoup plus en tous cas que si un service est peu utilisé. La vision de l'équipe de développeurs prime souvent sur l'avis de quelques utilisateurs mais cette dernière risque de revoir sa copie si une fonctionnalité est très sollicitée.

Dans tous les cas, profitez des fonctionnalités déjà disponibles. Encore une fois, le changement n'a pas à être radical. Vous pouvez tout à fait utiliser deux outils en parallèle tout en invitant vos amis et votre famille à vous rejoindre sur l'alternative de votre choix en leur expliquant votre démarche.

On se motive

Comme le disent si bien les gens de chez Framasoft (chez qui vous pouvez trouver d'autres alternatives plus respectueuses de vos données) : le chemin est long mais la voie est libre. Et vous, qu'attendez-vous pour vous lancer ? Si vous êtes réticents, rencontrez des problèmes ou n'en voyez pas l'utilité, n'hésitez pas à en parler dans les commentaires ou directement avec moi si ça vous arrange. Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus, je vous recommande le livre surveillance:// de Tristan Nitot. Je vous laisse en compagnie de cette vidéo (Nothing to Hide). Il s'agit d'un documentaire sur la surveillance de masse et pourquoi vous avez peut être plus à cacher que ce que vous ne le pensez.

Pourquoi j’ai quitté Google Analytics

Depuis le début du mois d'avril, je n'utilise plus Google Analytics. Il me servait essentiellement à connaître les statistiques de visites sur ce blog (ainsi que sur mes autres sites). Je vous avais fait part de cette envie lors de la présentation de l'outil d'analyse de logs GoAccess. C'est désormais chose faite.

Un panneau nous indiquant la sortie de secours.

Pour les curieux, et peut-être aussi pour faire prendre conscience à ceux qui, par habitude, ne penseraient pas à revenir sur ce choix, je me suis dit qu'un retour pourrait être utile.

  • Ce blog est majoritairement consulté par des technophiles dotés de bloqueurs de traqueurs analytics/pubs et je me suis rendu compte que les stats entre GoAccess et Analytics n'avaient rien à voir,
  • j'ai tendance à croire qu'une trace dans un log sera toujours plus fiable qu'un événement JavaScript (chaque ressource demandée par un client, même arrêtée inopinément est tracée),
  • je refuse d'engraisser gratuitement les algorithmes de Google avec les contenus que je produis, et par là même occasion de suivre et analyser les faits et gestes de mes lectrices et lecteurs,
  • étrangement le taux d'utilisateurs de Chrome est beaucoup -beaucoup- plus élevé sur Google Analytics que sur GoAccess (tirez-en les conclusions que vous voulez) (oui, je suis pro-Firefox et j'assume),
  • j'essaie autant que possible de me passer des services proposés par Google quand une alternative viable et libre existe. Cette entreprise, dont le nombre de monopoles ne cesse de croître, fait bien ce qu'elle veut des données que je lui offre et ça fait bien longtemps maintenant que j'ai adopté la maxime « si c'est gratuit, c'est que c'est toi le produit »,
  • ce sera toujours un script en moins à charger (j'en ai d'ailleurs profité pour supprimer les quelques scripts externes qui traînaient - coucou Gravatar),
  • je devais consulter le tableau de bord Analytics une fois tous les deux mois et GoAccess me donne toutes les métriques dont j'ai besoin pour m'assurer que tout fonctionne normalement.

Je pourrais continuer comme ça longtemps mais les points principaux sont là. Et vous, c'est pour quand ?